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Octobre
Jeudi 3 octobre : journée nationale d’actions pour que l’acte de Christine Renon (directrice à Pantin) ne reste pas sans suite
Par Sophie OURDOUILLIE • Publié le 03/10/2019
Cher-es parents,

Comme toute la profession, nous avons été choqués d’apprendre le suicide de notre collègue Christine Renon, directrice de la maternelle Méhul à Pantin (93), dont le corps a été retrouvé à l’école, sur son lieu de travail, lundi 23 septembre.

Nos premières pensées vont évidemment à ses proches ainsi qu’à ses collègues. Nous partageons leur peine.
Mais nous partageons aussi leur colère, qui est aussi celle des milliers d’enseignants qui s’exprime notamment sur les réseaux sociaux.

Surcharge de travail, perte de sens du métier, injonctions permanentes, parfois contradictoires, revirements du discours institutionnel ou le noir devient blanc le lendemain au gré des changements d’orientations politiques, sans oublier les fins de mois difficiles !

Combien sommes-nous, directeur-trices à souffrir en silence, à porter sur nos épaules le fardeau des échecs de notre système scolaire, en première ligne face à la misère de certaines familles, face à la frustration engendrée par un service public trop souvent déficient, ou encore face à l’égoïsme social et au consumérisme scolaire grandissant ?

Combien sommes-nous à rentrer chez nous le soir avec le sentiment, pourtant erroné, de ne servir à rien, de ne pas pouvoir aider comme il le faudrait nos élèves, faute d’enseignants spécialisés, d’AESH, de place en établissement spécialisés, de soins ? A souffrir en silence des classes surchargées, de l’absence de véritable formation, de l’absurdité kafkaïenne de notre administration qui « balance » injonctions, dispositifs et procédures, qui trop souvent ne servent à rien sur le terrain, sinon à l’administration pour se « couvrir » ou, dans le pire des cas, à « fliquer » les enseignants ?

Le plus insupportable est le décalage entre la réalité du terrain et la communication médiatique de l’institution : lorsque des régressions majeures sont transformées dans la bouche de nos supérieurs en mots creux et lénifiants. Lorsque, essayant de témoigner, d’attirer l’attention sur des situations difficiles, personnelles ou professionnelles nous n’avons droit qu’au silence, au mépris, dans le meilleur des cas à une compassion sincère mais sans effets car sans moyens concrets pour remédier à la situation.

Nous, enseignants, AESH, vous alertons sur nos conditions de travail afin que celles-ci ne cessent de se dégrader et qu’enfin l’Education Nationale soit bienveillante avec ses personnels et que l’on ne puisse plus mourir d’Ecole.

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